Journée mondiale de lutte contre les maltraitances des personnes âgées
Fédération
3977 contre la maltraitance des Personnes âgées et Adultes handicapés
COMMUNIQUE
DE PRESSE – Lundi 15 juin 2020 - Journée mondiale
de lutte
contre les maltraitances des personnes âgées
Maltraitances de personnes âgées en France : Quoi de neuf
en 2019 ?
Les
appels pour des situations de maltraitance ont fortement augmenté en 2019
Ü Des appels plus
nombreux, avec plus de dossiers ouverts pour maltraitance
La Fédération contre la maltraitance,
avec ses 52 centres départementaux ou interdépartementaux et sa plateforme
d’écoute 3977, fait le point pour 2019 sur les appels reçus, et les dossiers
ouverts pour suspicion de maltraitance suite à ces appels.
Avec 25 457 appels reçus en 2019, les alertes ont bondi de + 36%,
conduisant, après écoute et analyse, à ouvrir 6827 dossiers, soit une
croissance de 16% comparativement à 2018.
Cette évolution survient après
une période de stabilité des appels et des dossiers ouverts en 2017 et 2018.
L‘augmentation a été initiée dès le début de 2019, et elle s’est poursuivie
tout au long de l’année.
La «
cassure » de la courbe des appels et des nouveaux dossiers au début de 2019
suggère une rupture de tendance, et pourrait traduire un changement d’image
dans l’opinion et chez les professionnels, franchissant un seuil «
d’inacceptabilité ».
Ü Les ainés, plus
particulièrement les femmes, constituent la majeure partie des dossiers et
explique la croissance. En 2019, 83% des dossiers ouverts
concernaient des personnes de 60 ans et plus, et 33% des personnes de plus de
80 ans, ce dernier groupe constituant 6% de la population : les ainés sont
ainsi 5 à 6 fois plus nombreux parmi les victimes de maltraitance que dans la
population.
La croissance des dossiers
ouverts de 2018 à 2019 était plus forte chez les 61-70 ans (+ 33%) et les 71-80
ans (+34%).
En outre les femmes, qui
représentent 65 % des victimes, sont surreprésentées très au-delà de leur place
dans la population âgée : il ne s’agit pas d’un simple phénomène démographique.
Ces
données rappellent que les violences faites aux femmes ne cessent pas avec
l’âge.
Les
maltraitances en établissement expliquent largement cette accélération.
Ü Les
maltraitances en établissement ne sont pas les plus nombreuses, mais elles ont
augmenté plus vite que les autres En 2019, 73% des dossiers ouverts
pour maltraitance portaient sur des personnes vivant à domicile, et 27% sur des
résidents en établissements médico-sociaux, parfois des patients hospitalisés.
Il est clair que la grande majorité de la population réside à domicile, même
pour les plus âgés, mais il est difficile de comparer la fréquence des
maltraitances dans les deux contextes : seule une faible partie des
maltraitances donne lieu à un appel : il pourrait s’agir aussi bien d’appels
plus ou moins fréquents, ou de situations de maltraitances plus ou moins
fréquentes.
Quoi qu’il en soit, la
progression des dossiers ouverts de 2018 à 2019 a été de + 27% pour les
maltraitances en établissement, contre +15% pour les maltraitances à domicile.
Il
est possible que la forte médiatisation début 2019 de certaines situations de
maltraitance dans des établissements médicosociaux, ait provoqué une prise de
conscience des maltraitances au sein de l’opinion, favorisant la décision
d’appeler de la part de personnes témoins de situations de maltraitance.
Ü Ces
maltraitances en établissement diffèrent sensiblement des autres maltraitances
Les personnes qui appellent le
3977, ou directement ses centres, sont en majorité des proches de la victime
(45%), plus souvent que la victime elle-même (26%) ou des professionnels (14%).
Dans les établissements, les proches sont plus souvent à l’origine des appels,
que pour les maltraitances survenues à domicile.
Dans les dossiers ouverts pour
maltraitance, les proches sont mis en cause le plus souvent (49%), mais en
établissement, c’est bien plus souvent le personnel quelle que soit leur
fonction qui est mis en cause, à tort ou à raison.
Ces
données soulignent l’importance de l’écoute et d’une analyse des situations de
maltraitance au cas par cas, les modalités et le profil des victime variant
sensiblement selon le lieu de survenue : les pistes de solutions sont elles
aussi très différentes.
Les
maltraitances peuvent être aussi d’origine collective.
Dans l’attente d’une nouvelle
classification (travail en cours de la Commission nationale de promotion de la
bientraitance et de lutte contre les maltraitances), ces maltraitances sont
aujourd’hui classées surtout en fonction de leurs conséquences.
Ü Les maltraitances
principales sont psychologiques, mais elles associent très souvent de multiples
effets
En 2019, les maltraitances dites
principales étaient psychologiques (26%), physiques (20%), liées à des
négligences, c’est-à-dire ne répondant pas aux besoins élémentaires d’une
personne vulnérable (17%), ou encore de nature financière (15%). En fait, dans
la majorité des cas (58%), ces diverses formes de maltraitances étaient
associées.
Chez les personnes en
établissement, les maltraitances principales sont le plus souvent des
négligences (1/3 des situations).
De 2018 à 2019, les progressions
les plus fortes portaient sur les maltraitances physiques (+ 36%) et les
négligences (+ 18%).
Ces
chiffres précisent la nature et, en partie, l’importance des dommages liés aux
maltraitances, mais ils font comprendre l’enjeu d’une nouvelle classification
explicitant mieux l’origine et le mécanisme de ces maltraitances, pour aider à
leur prévention et lutter efficacement contre elles.
Ü Dans les
établissements, les maltraitances résultent principalement de difficultés
organisationnelles.
Près de 7500 établissements
d’hébergement pour personnes âgées dépendantes accueillaient près de 600 000
résidents, avec, selon la Drees (fin 2015), un environnement professionnel de
63 équivalents temps-plein pour 100 lits. D’importantes disparités sont
observées selon les territoires et les types d’établissement. Dans près de la
moitié des établissements, les responsables font état de difficultés de
recrutement ; le constat d’une formation insuffisante de ces professionnels
fait consensus.
Ainsi on comprend pourquoi les
maltraitances en établissement résultent, non d’une mauvaise volonté ou
d’intentions malveillantes de la part des professionnels, dont la plupart sont
dévouées aux personnes dont elles s’occupent, mais d’une insuffisance de moyens
ou de compétences, ou encore de défaillances dans l’organisation du travail,
qui expliquent ces négligences dites « passives » c’est-à-dire involontaires.
Les
réponses à ces situations, mise en lumière avec l’épidémie du Covid, ne
relèvent évidemment pas de mesures individuelles, encore moins de sanctions
individuelles, sauf exception. Elles nécessitent de sensibiliser les
responsables institutionnels, les cadres et les équipes à l’importance des
maltraitances, et de les aider à trouver des améliorations organisationnelles.
La Fédération 3977 a fait de ces actions de
sensibilisation et de formation une priorité. Elle souhaite contribuer, pour sa
part au développement des coopérations avec tous les acteurs concernés par les
maltraitances et leur prévention, au plan national comme dans chaque
département.
Pour plus d’information n’hésitez pas à nous contacter
contact@3977contrelamaltraitance.org
/
06 49 95 61 42
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