Rapport d'activité 2022 -Centre ALMA Isère dans le détails
L'année 2022 a été atypique en raison
de l'actualité liée à la sortie du livre de Victor CASTENET " Les
Fossoyeurs" qui met en cause le fonctionnement des établissements ORPEA et
leurs pratiques déviantes. Il s'en est suivi un déferlement médiatique et une
libération de la parole par les témoignages qui sont parvenus aux centres ALMA
mais aussi à la plateforme d'écoute de la Fédération 3977.
Le nombre des appels a littéralement
explosé et le rythme s'est maintenu tout au long de l'année, malgré un
tassement au dernier trimestre.
Phénomène rarissime, la part des
appels concernant les établissements tend à se rééquilibrer par rapport à ceux
qui ont trait au domicile. Les professionnels des établissements sont de plus
en plus mis en cause (défaut ou insuffisance de soins, négligences actives ou
passives)
Le profit type des victimes reste le
même que les années antérieures : une femme de plus de 75 ans veuve et vivant à
domicile.
Les maltraitances institutionnelles
constituent une catégorie à part entière dans la nouvelle définition des
maltraitances envers les personnes vulnérables. Cette définition a pris une
valeur législative en 2022 par son inscription au code de l'action sociale et
des familles. Les maltraitances institutionnelles visent tout particulièrement
la gouvernance et l'organisation des structures d'hébergement médico-sociales
et les services à domicile.
Sur le plan de la communication,
ALMA Isère a poursuivi son action en direction des différents médias (presse
locale, radios) ou de ses partenaires : participation au Forum des séniors le
21 mai organisé par le CCAS de Grenoble et le Conseil Départemental de l'Isère.
Le colloque du 16 juin dans le cadre
de la journée mondiale contre les Maltraitances des personnes âgées sur le
thème " Handicap et Vieillissement, éviter la Double Peine " a
connu un vif succès et suscité des échanges très riches entre les participants
et les associations présentes. Le colloque a été ouvert par la projection en
avant-première du film « Handicap et Vieillissement, et
réciproquement » réalisé par l'Association Le Fil Rouge.
ALMA Isère bénéficie d'un réseau de
personnes ressources, qu'elle peut mobiliser dans sa mission de conseil et
d'orientation des appelants. Des relations régulières sont entretenues avec
l'ARS, la DDETS, le Conseil Départemental, les services régaliens, les
associations spécialisées pour renouveler, entretenir et enrichir notre
collaboration. En 2022 en particulier, nous avons pu rencontrer la Présidente
du Tribunal judiciaire et le chef d'escadron de gendarmerie de Grenoble.
Concernant la vie associative, les
réunions régulières de bénévoles assurent à ALMA Isère son dynamisme, mis à
profit pour répondre aux attentes et demandes des appelants sans cesse plus
prégnantes et complexes.
Merci à l'équipe d'ALMA Isère,
salariée et bénévoles, pour son implication et son engagement.
L’association
Les membres du centre
6
écoutants ;
7 référents issus des milieux juridiques, hospitaliers,
médicaux, et éducatifs.
Parcours
d’un appel
Offre d’écoute : Pour qui ?
- les personnes
en situation de vulnérabilité (en particulier une partie des personnes très
âgées ou des adultes en situation de handicap), lorsqu’elles sont victimes de
maltraitances, et leur entourage ;
- les proches de
ces personnes, en particulier les proches aidants, lorsqu’ils sont témoins de
ces maltraitances, et souhaitent contribuer à leur arrêt ;
- les professionnels
intervenant auprès de ces personnes, ayant observé ces maltraitances, ou ayant
un doute à ce sujet, et souhaitant leur arrêt.
Tout appelant peut, s’il le
souhaite, conserver l’anonymat.
Cette
écoute est assurée 2 demi-journées par semaine, les lundis et jeudis 13h30 à 16h30
En
dehors de ces plages horaires, le numéro de téléphone 3977 permet de joindre la
plateforme nationale de la Fédération :
- du
lundi au vendredi de 9h à 19h ;
- et
le samedi et dimanche de 9h à 13h et de 14h à 19h.
Période
de congés (fermeture du centre) : du 1er au 31 août.
Offre d’écoute : Comment ?
Le
centre n’intervient que sur demande (par téléphone, courrier ou courriel).
Les
appels directs au centre sont reçus au numéro 04 76 84 06 05
Le
centre dispose d’un répondeur téléphonique.
Des principes éthiques…
- respect de la parole et de la
dignité de la personne qui appelle, victime ou témoin ;
- les informations recueillies sont utilisées
dans le strict intérêt de la
victime présumée;
- respect strict de la confidentialité des informations recueillies dans les
dossiers ouverts suite à l’appel. Ces informations ne peuvent être
communiquées que dans le strict cadre prévu par la Loi ;
- Neutralité et impartialité : Les
intervenants s’interdisent de substituer leurs propres valeurs et convictions à
celles des intéressés ;
- L’appelant, ou la victime présumée, ont le libre choix des solutions proposées,
qu’elles peuvent refuser, après qu’elles aient été informées des conséquences ;
- Lorsque le centre propose de prendre des
contacts avec des acteurs jugés pertinents, l’accord préalable de l’appelant, ou de la victime présumée,
est requis ;
En cas de conflit d’intérêt, le centre se dessaisit du dossier, qui est alors dépaysé
dans un autre centre.
… mis en œuvre lors d’une écoute de qualité…
- le centre assure une écoute pluraliste (au moins deux écoutants) afin de mieux
appréhender les situations qui lui sont soumises, et de rechercher la meilleure
objectivité ;
- pour assurer la confidentialité des appels,
et la sécurité des bénévoles, ceux-ci restent anonymes, sauf danger avéré pour la victime, et lorsque la Loi
l’impose ;
- les bénévoles sont astreints à une formation spécifique assurée par
la Fédération 3977;
- le système
d’information utilisé est sécurisé et fait l’objet d’une autorisation
délivrée par la Commission Nationale pour l’Informatique et les Libertés
(CNIL).
… et aussi du conseil et de l’accompagnement,
- une réflexion interdisciplinaire précède
toute proposition d’action, afin de prendre en compte l’ensemble des aspects
humains, sociaux et économiques de la situation ;
- le centre apprécie le contexte juridique,
sanitaire, médico-social et social des situations.
… complémentaire des services publics de proximité
- le centre s’interdit
toute intervention directe dans les situations qui lui sont
rapportées ; il privilégie le recours et l’intervention des professionnels
des services publics de proximité, d’autres institutions, de services ou d’associations,
dont il n’a ni la compétence, ni la légitimité ;
- le centre s’inscrit dans le principe de subsidiarité par rapport à l’action
de ces services : il ne prend aucune des initiatives que ces services
proposent ou peuvent assurer ;
- le signalement à la justice d’une situation,
lorsqu’il est nécessaire, est réalisé par le président du centre, après
vérification du bien-fondé de la démarche.
Ces principes sont communs aux
centres adhérents de la Fédération 3977, qui les réunit.
Chiffres-clés [Années 2019-2022 et évolutions 2021-2022]
|
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2021-22 |
% |
|
|
|
|
|
|
|
Dossiers |
133 |
135 |
1172 |
190 |
+18 |
+10% |
Ouverts par la plateforme |
68 |
102 |
134 |
158 |
+24 |
+18% |
Ouverts par le centre |
62 |
33 |
38 |
32 |
-6 |
-16% |
Clôturés par le centre |
78 |
80 |
82 |
99 |
+17 |
+20.7% |
|
|
|
|
|
|
|
Appels
pour suivi |
552 |
619 |
763 |
871 |
+108 |
+14% |
Entrants (venant de l’extérieur) |
158 |
172 |
241 |
238 |
-3% |
-1.6% |
Sortants (vers l’extérieur) |
394 |
447 |
522 |
633 |
+111 |
+21% |
|
|
|
|
|
|
|
Durée
cumulée des appels (mn) |
13975 |
12058 |
16423 |
17642 |
+111 |
+7% |
En écoute |
3432 |
3192 |
4193 |
4857 |
+664 |
+16% |
En suivi |
10543 |
8866 |
12230 |
12785 |
+555 |
+4% |
|
|
|
|
|
|
|
Durée
moyenne par appel (mn) |
|
|
|
|
XX |
XX |
En écoute |
23 |
17.4 |
17.4 |
20.8 |
+3.4 |
xx |
En suivi |
24.8 |
19.8 |
23.4 |
20.2 |
-2.8 |
Xx |
_________________________________________________
[ Les dossiers ]
On peut
remarquer une augmentation des dossiers ouverts par la plateforme 39 77 qui
s’explique par son ouverture durant les week-ends.
Par
ailleurs, le nombre de dossiers ouverts progresse de 18 % en raison de l’actualité lié à l’affaire
ORPEA.
Sur 4 ans, le nombre de dossiers traités
passent de 133 à 190 soit 43 % de dossiers suivis en plus.
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[ Les appels ]
Les appels entrants sont stables par
rapport à 2021, en revanche il progresse de 50 % en 4 ans.
Pour les appels sortants (suivis par
référents), ils s’élèvent à 633 pour 522 en 2021 soit +21 %, en lien avec
l’augmentation des situations et de leur complexité.
Cette double tendance est également
illustrée par l’augmentation 60 % des suivis référents entre 2019 et 2022.
_________________________________________________
[
La durée des appels ]
La durée des appels exprimée en minutes
progresse de 16% de 2021 à 2022 et de 41 % en 4 ans.
La progression
des suivis est moindre du fait de la communication par mail. Néanmoins la
tendance sur 4 ans représente une hausse de 16%
|
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2021-22 |
% |
Victimes |
|
|
|
|
|
|
Hommes |
22 |
36 |
34 |
43 |
+9 |
+26.5% |
Femmes |
78 |
67 |
64 |
85 |
+21 |
+33% |
18 – 60 ans |
11 |
23 |
25 |
27 |
+2 |
+8% |
61 – 75 ans |
19 |
23 |
18 |
22 |
+4 |
+22% |
75 ans et plus |
62 |
57 |
55 |
79 |
+24 |
+43.6% |
Situation de handicap |
16 |
22 |
37 |
34 |
-3 |
-8% |
|
|
|
|
|
|
|
Lieu de survenue |
|
|
|
|
|
|
A domicile |
67 |
82 |
86 |
112 |
+26 |
+30% |
En établissement |
28 |
28 |
47 |
75 |
+28 |
+59.6% |
|
|
|
|
|
|
|
Appelants |
|
|
|
|
|
|
Hommes |
25 |
29 |
34 |
43 |
+9 |
+26.5% |
Femmes |
80 |
84 |
88 |
122 |
+34 |
+39% |
Victime elle-même |
27 |
30 |
26 |
34 |
+8 |
+31% |
Proche famille |
47 |
56 |
61 |
77 |
+16 |
+26% |
Professionnels |
16 |
13 |
16 |
26 |
+10 |
+62.5% |
Autres |
13 |
13 |
19 |
22 |
+3 |
+16% |
|
|
|
|
|
|
|
Personne
mise en cause |
|
|
|
|
|
|
Entourage familial |
61 |
58 |
60 |
73 |
+13 |
+21.7% |
Professionnels ou établissement |
40 |
43 |
53 |
100 |
+47 |
+88.7% |
Autres |
12 |
13 |
20 |
16 |
-4 |
-20% |
|
|
|
|
|
|
|
Type de maltraitances 1er écoute |
|
|
|
|
|
|
Psychologiques |
28 |
22 |
17 |
25 |
+8 |
+47% |
Physiques |
6 |
7 |
11 |
32 |
+21 |
+190% |
Sexuelles |
0 |
1 |
1 |
2 |
+1 |
+50% |
Liées aux soins |
11 |
3 |
14 |
24 |
+10 |
+71.4% |
Négligences (actives et passives) |
8 |
18 |
20 |
41 |
+21 |
+105% |
Financières |
6 |
7 |
3 |
14 |
+11 |
+366% |
Non-respect des droits |
2 |
4 |
4 |
23 |
+19 |
+475% |
|
|
|
|
|
|
|
Actions préconisées |
|
|
|
|
|
|
Sensibilisation |
0 |
0 |
0 |
1 |
+1 |
+100% |
Environnement |
12 |
25 |
17 |
41 |
+24 |
+141% |
Sociales |
37 |
34 |
44 |
40 |
-4 |
-9,10% |
Soins |
21 |
40 |
43 |
47 |
+4 |
+9.3% |
Juridiques |
21 |
38 |
38 |
43 |
+5 |
+13% |
Administratives |
16 |
15 |
20 |
28 |
+8 |
+40% |
contact direction/cvs |
10 |
16 |
36 |
46 |
+10 |
+27,8% |
Commentaires
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[ Les victimes ]
Les caractéristiques des victimes sont stables : les femmes
restent plus nombreuses avec toutefois, une progression des hommes en 4 ans
de 95 %.
Les plus de 75 ans restent majoritaires, nous notons une augmentation
de 43,6 % entre 2021 et 2022.
__________________________________________________________________________
[ Lieu
de survenue ]
L’année 2022 est marquée par un
phénomène nouveau avec le rééquilibrage entre établissement et domicile soit
59,6 % de plus en établissement en un an. Cette tendance est à mettre en
relation avec l’affaire ORPEA qui a amplifié le phénomène constaté dès 2021.
Entre 2019 et 2022, nous relevons une
augmentation des situations à domicile soit + 67 % mais surtout pour les établissements
soit +167%.
__________________________________________________________________________
[ Les
appelants ]
En 2022, les victimes elle-même appellent plus soit +31%
essentiellement les personnes en situations de handicaps, tout comme les professionnels
+62,5%. Peut-on dire que la parole se libère ?
__________________________________________________________________________
[ Les
personnes mises en cause ]
Comme pour le
nombre de situations en établissements, les professionnels ou établissements
mis en cause sont de plus en plus nombreux soit +88,7% entre 2021 et 2022 ce
qui constituent une « première ».
La tendance sur 4
ans est marquée par une augmentation de 150%, qui s’amplifie en 2022.
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[ Le
type principal de maltraitance ]
Le tableau des types de maltraitances changent
radicalement sur 4 ans avec une importance particulière des
maltraitances physiques +433 %, les négligences +412%, ainsi que celle liées au
soins +118%. Le non-respect des droits est désormais classé en maltraitances
principales soit 1050%.
Les causes peuvent être recherchées dans
la situation des établissements et les conséquences de la crise covid qui se
manifeste aussi à domicile.
[ Actions préconisées ]
Voir
page 21 et 22
Témoignages
Avertissement
L’année 2022 a été marquée par la diffusion fortement
médiatisée de faits de maltraitances dans des établissements médico-sociaux
pour hébergement de personnes âgées.
Cette information large et bouleversante a certes favorisé
l’expression d’alertes de la part de victimes ou de témoins de situations
actuelles comparables, dans des établissements de tous types.
Elle a également provoqué une forme de réminiscence de
faits analogues plus anciens, « résolus » d‘une manière ou d’une
autre, parfois par le décès de la victime, du fait des maltraitances, ou pour
une autre raison.
Pour ces situations, la demande des appelants n’était pas
de donner suite à chacune de ces situations, mais plutôt de témoigner de leur
survenue, de partager leur émotion et leur douleur, afin de sensibiliser
l’opinion et de tenter d’éviter la reproduction d’autres situations
comparables.
Pour répondre à ces attentes, nous avons choisi d’en faire
part dans ce bilan annuel, après avoir informé et sollicité l’accord des
appelants, rendu anonyme ces situations, résumées chacune de façon brève.
Madame T Juliette
Contexte
Mme T, 97 ans, recevait à son
domicile des aides et des soins de la part d’un service du fait de sa perte
d’autonomie physique.
Les
faits de maltraitance
L'appelante, sa petite fille, veut nous signaler qu'il y a,
certes, beaucoup de maltraitance en EHPAD mais à domicile également.
Elle cite l'exemple de sa grand-mère décédée en janvier.
Problèmes rencontrés avec le service d'aide à domicile:
- des intervenants qui ne viennent pas et la famille non prévenue.
Dans le cas de la grand-mère de l'appelante, comme elle ne pouvait plus
téléphoner, elle ne mangeait pas si cela arrivait.
- incompétence du personnel
- intervenants alcoolisés à domicile.
- protections non changées.
- vols (déclarés à la direction par l'appelante, direction qui ne
lui a jamais répondu).
Compte tenu de tous ces problèmes, la famille de l'appelante
devait sans cesse se rendre chez sa grand-mère pour pallier aux manques du
service d'aide à domicile.
L'appelante nous dit que si des enquêtes sont faites dans les
EHPAD, il faut aussi en faire dans le secteur de l'aide à domicile.
L'appelante ne demande pas à être rappelée, elle souhaitait
simplement laisser ce témoignage en espérant qu'il contribue un tant soit peu à
faire évoluer les choses.
Monsieur F Michel
Contexte
Monsieur F …, 87 ans, admis en établissement
après le 1er confinement. Monsieur F est dépendant pour tous les
gestes de la vie quotidienne.
Les faits de maltraitance
L’appelante, son épouse, souhaite
témoigner de la maltraitance subie par son mari - aujourd'hui décédé - alors
qu'il vivait en EHPAD. L'appelante cite des exemples de ces faits de
maltraitance: Grande chaleur - 35° -, à 15 h, son mari était alité lit avec une
grosse couverture sur lui, en sueur.
"On le laisse dormir" auraient dit les soignants. Un autre
jour, il était "devant la clim", "gelé", "tremblant de
froid ».
Lors d’une visite, une
aide-soignante lui donnait un yaourt liquide via une seringue alors qu'il était
allongé. Il pesait 80 kg à son entrée et 64 kg lors de son décès.
L'appelante a pris rdv avec
le médecin et l'infirmière cadre, qui lui auraient dit qu'ils n'avaient pas le
personnel formé pour "le soigner comme à la maison."
L'appelante se met à pleurer
en racontant cela et dit qu'elle regrettera toute sa vie de l'avoir placé.
Elle ajoute que cela lui fait
beaucoup de bien de pouvoir en parler.
"Il faut que ça se
sache, tout cela" répète l’appelante à plusieurs reprises.
Les Chiffres ALMA Isère dans le détails
Comme chaque année,
nous rappelons que les statistiques d’ALMA Isère tentent de traduire le contenu
des appels que nous recevons. Ces appels manifestent la souffrance ressentie
par une personne âgée et /ou handicapée et/ou par leur entourage.
Nous ne recevons
pas d’appel malveillant ou affabulateur mais certains appels relèvent parfois
de troubles psychiques.
Typologie des appels
La situation préoccupante : La majorité des
appels relève de cas de maltraitance supposée et engendre la création de
dossiers de Situation Préoccupante.
L’accompagnement de situation : Des situations
qui ne relèvent pas du champ de la maltraitance, sont appelées Accompagnement
de Situation. Elles concernent des demandes d’aide pour une personne en
souffrance, démunie, et qui aurait besoin d’une prise en charge ou d’un soutien
(Exemple : personne isolée vivant dans des conditions précaires).
Témoignages : Situations
préoccupantes mais dont les informations fournies ne nous permettent pas de
faire un suivi, les appelants, la ou les victime(s) restant anonyme (s).
Informations /orientations : demande de
renseignements.
Concernant les
situations préoccupantes, nous avons ouvert 148 dossiers soit 35 dossiers de
plus qu’en 2021. Les accompagnements de situation ont baissé.
Concernant les
suivis de dossiers pour 2022, les appels par les référents se sont développés
passant de 522 à 633 soit environ +20%.
Les témoignages ont
augmenté principalement dans les 2 mois qui ont suivi l’affaire ORPEA.
Qui signale les maltraitances ?
Sont pris en compte
dans ce graphique uniquement les appelants concernant les situations
préoccupantes, soit 148 (99% de représentativité)
Lieu où s’exercent les maltraitances.
Nous notons cette année, une différence dans la répartition des lieux où s’exercent les maltraitances et cela pour la première fois, avec une augmentation de la part des situations en établissement en lien avec l’affaire ORPEA.
Pour les personnes
en situation de handicap, la proportion de situation à domicile a augmenté.
Quel est le profil des « victimes »
Du fait de la
progression des situations en établissements pour personnes âgées le profil
d’âge des victimes se modifie en 2022 avec un pic des personnes âgées de + de
86 ans. Cela s’explique par l’entrée de plus en plus tardive en établissement.
Quelles sont les différentes catégories
de maltraitances
Définition en 2021 de la maltraitance
par la Commission de lutte contre la maltraitance et de promotion de
la bientraitance :
« Il y a maltraitance d’une personne en
situation de vulnérabilité lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut
d’action, compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses
besoins fondamentaux, et/ou à sa santé et que cette atteinte intervient dans
une relation de confiance de dépendance, de soin ou d’accompagnement.
Les situations de maltraitance peuvent être
ponctuelles ou durables, intentionnelles ou non ; leur origine peut être
individuelle, collective ou institutionnelle. Les violences et les négligences
peuvent revêtir des formes multiples et associées au sein de ces situations.
- des maltraitances physiques : coups, abus sexuels, bousculades, contentions physiques abusives,…
- des maltraitances psychologiques : humiliations, infantilisation, injures, indifférences,
- des
maltraitances financières : extorsions de
fonds, vols, économies abusives, …
- des
maltraitances liées aux soins : excès ou privations de médicaments, soins
inadéquats,…
- des
privations citoyenneté : enfermements,
interdictions de visite, placements sans consentement,…
- des
négligences par manque des aides indispensables à la vie quotidienne (aide
au repas, à la toilette et alimentation inappropriée) qui risquent d’aggraver
la dépendance ou des négligences qui blessent la dignité de la personne âgée
et/ou handicapées : linge perdu, protections urinaires imposées,... »
La « victime » peut
subir plusieurs types de maltraitances à la fois. On appelle maltraitance
principale, celle pour laquelle l'appelant nous a contacté. Mais il peut
coexister d'autres types de maltraitances qui viennent s'ajouter à la première,
nous les désignons alors sous le terme de maltraitances associées.
Maltraitances évaluées en établissements pour
les personnes âgées soit 50 situations
On enregistre comme
l’année dernière, une augmentation des négligences passives soit principales
soit associées qui traduisent des phénomènes de maltraitances
institutionnelles. Elles expliquent également la part significative de maltraitances
liées aux soins.
Les privations de citoyenneté
en établissements sont en baisse par rapport à 2020 et 2021, en lien avec la
réduction de l’épidémie de covid.
Maltraitances évaluées en établissements
pour les personnes en situation de handicap soit 11 situations
Le nombre de
situations en structure pour personnes handicapées en baissent soit -6
situations, mais restent à un niveau important par rapport aux années
antérieures.
On peut
dire que le secteur handicap connait les mêmes difficultés de fonctionnement
que le secteur gérontologique.
Maltraitances évaluées à domicile pour
les personnes âgées soit 59 situations
La proportion de
situations non évaluables reste approximativement la même à savoir environ 24 %
au lieu de 27 % l’année dernière.
Les maltraitances
financières, psychologiques et physiques demeurent les plus nombreuses.
Maltraitances évaluées à domicile pour
les personnes en situation de handicap soit 28 situations
Là aussi, la
proportion des situations non évaluables reste stable avec environ 34%.
Les maltraitances
physiques et psychologiques sont les plus nombreuses, à cela s’ajoute les
privations de citoyenneté.
Qui sont les auteurs des maltraitances
Les professionnels sont désignés comme les principaux auteurs de maltraitance pour la première fois avant l’entourage familial, ce qui s’explique par la plus grande part de situations en établissement.
L’encadrement est lui mise en cause dans 26 % des
situations.
En établissements pour les personnes en situation de handicap sur 11
situations
A domicile au sein de la famille pour les personnes âgées
Pour les professionnels, les services d‘aide à domicile
sont mis en cause dans la moitié des situations.
Les orientations
peuvent être de plusieurs ordres :
-Négociation : discussion,
échange avec direction, médiation, consultation CVS, …
-Administrative : il s’agit
des relations avec les organismes tel que ARS, Conseil
Départemental,…
-Juridique : dépôt de
plainte, mesure de protection, relance du Procureur, orientation vers une
association spécialisée, ….
-Médicale : consultation
médicale, suivi psychiatrique, évaluation, suivi médical,…
-Sociale : évaluation APA
ou réévaluation APA, intervention sociale, autre association,…
-Cadre de vie : décohabitation, éloignement, entrée en structure, intervention SSIAD
-Sensibilisation d’ALMA Isère
auprès des appelants
En 2022, 6 bénévoles sont
intervenus dans des actions de sensibilisation ou des actions de formation
consacrées aux maltraitances.
Interventions de sensibilisations
et informations réalisées en 2022
-Sensibilisation Apprentis d’Auteuils le 21
janvier 2022 auprès Agent d’Accompagnement en Gérontologie (12 personnes) à Grenoble
-Intervention à la Faculté le 09 février 2022
Etudiants master 2ème année (15 Personnes) à Sait Martin d’Hères
-Sensibilisations
auprès des accueillis en famille d’accueil Association Ste Agnès le 20 juin
2022 à la Tour du Pin (10 personnes)
-Présentation
d’ALMA Isère à la Maison du territoire Sud Grésivaudan février 2022 à St
Marcellin (20 personnes)
-Sensibilisation
CHU ASG le 24 novembre 2022 à Echirolles
(5 personnes)
-Sensibilisation
EHPAD Champ Fleuri pour le personnel le 23 octobre et 14 novembre 2022 à
Echirolles (2x 15 personnes)
-Participation
au Forum Séniors, organisé par le CCAS de Grenoble et le Conseil Départemental,
en mai 2022.
Avec
des organismes institutionnels
▪ Communes et
intercommunalités
Certaines communes du département de l’Isère
soutiennent les actions d’ALMA Isère dans sa lutte contre les maltraitances,
par le biais de subventions et d’adhésion à l’association, ou de prêts de
salle.
▪ Conseil Départemental
En avril 2022, nous avons rencontré le directeur
général adjoint aux solidarités du conseil départemental ainsi que le
responsable de la cellule d’inspection pour échanger sur les missions de cette
dernière.
Un rendez-vous a eu lieu en novembre 2022 avec la
Vice-Présidente du Handicap et de l’Autonomie et le directeur de la MDA au
sujet du renouvellement de la convention triennale.
Nous avons poursuivi et renforcé notre
participation active aux travaux de réflexions du CDCA (préparation du schéma
autonomie de l’Isère, groupes de travail, …), avec l’élection d’ALMA Isère au
bureau. Bernard Crozat a animé un groupe de travail sur « l’EHPAD hors
les murs ».
▪ Agence Régionale de
Santé
Dans le cadre des réunions régulières avec l’ARS
et les services du département en mai 2022, nous avons évoqué les situations complexes
d’établissements de l’Isère tant pour les personnes âgées que pour les
personnes handicapées.
▪ Direction
Départementale de l'Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des
Populations (DDETS-PP).
Notre collaboration et nos échanges avec les
services de la DDETS-PP restent réguliers, ils continuent de nous soutenir
financièrement.
Auprès
d’autres institutions
Le chef d’escadron de la gendarmerie Nationale de
Grenoble, nous a reçus le 29 mars 2022 avec le groupe contact et la maison de
protection des familles afin de réfléchir aux possibilités de collaboration
mais aussi de sensibilisation des gendarmes.
En septembre 2022,
nous nous sommes présentés à la présidente du tribunal judiciaire de Grenoble et
avons évoqué les possibilités d’un projet de colloque sur les tutelles (projet
qui aboutira en 2024). Il a été également abordé la possibilité de sensibiliser
les référents du Comité départemental d’accès aux droits.
Avec
d’autres associations
Dans le cadre de la préparation du Colloque, nous
avons fait appel à nos anciens partenaires associatifs du secteur du handicap
mais également à de nouvelles associations :- AFIPH, Sésame Autisme,
UNAFAM, Envol Isère Autisme, Ste Agnès, Handi-réseaux 38, mais aussi avec
l’association le Fil rouge, ADIMCP 38. Un partenariat a été établi avec
l’association fil rouge qui a réalisé un film documentaire sur le handicap et
vieillissement et réciproquement.
Le Colloque « Handicap et vieillissement,
éviter la double peine » a été l’occasion d’échanges riches avec les
partenaires associatifs et le public présent, et nous les remercions tous et
toutes vivement.
Des contacts ont été pris avec France Alzheimer
Isère, qui vont déboucher sur une représentation croisée dans nos conseils
d’administration respectifs.
Avec l’association Alertes 38, nous poursuivons un
travail de réflexion, auprès des directeurs d’EHPAD de l’Isère. Un courrier a
été adressé à l’ARS, au Conseil Départemental ainsi qu’aux élus et à l’UDCAS.
A la suite de ces
courriers, plus rencontres ont eu lieu :
-
Avec l’ARS
-
Avec un sénateur de l’Isère,
qui nous a déposé une question écrite au gouvernement
-
Un député a transmis notre courrier au Ministère des solidarités
Une nouvelle
rencontre avec les directeurs a eu lieu en juin 2022.
Participation
à des actions régionales
Les réunions d’AURALMA (CA et AG) se sont
maintenues majoritairement en visio-conférence.
Des bénévoles de l’association ALMA Isère ont
participé à la 99ème journée régionale de gérontologie à St Etienne
en mars 2022.
Participation
à des évènements fédéraux
ALMA Isère participe à vie de la Fédération 39 77
contre les maltraitances
-Conseil fédéral;
-Bureau;
-Comité Ethique;
-Participation au Colloque du 8 novembre sur les
maltraitances institutionnelles,
-Participation à la journée des Présidents du 14
décembre 2022.
Les instances de l’association
§ Le Bureau a tenu 10 réunions en 2022.
§ Le Conseil d’Administration a été réuni 3 fois
en 2022.
Réunions
internes
L’équipe de
bénévoles d’ALMA Isère se réunit tous les mois, pour évoquer l’organisation de
l’Association et réfléchir sur les situations écoutées. Une fois toutes les 6
semaines, un échange de pratiques est organisé avec un psychologue, afin
d’analyser et apporter un éclairage sur les situations mais aussi permettre de
poser les ressentis après des écoutes complexes.
Formation
des bénévoles
Destinées aux nouveaux bénévoles intégrant le
centre, ces formations sont organisées en trois modules, répartis sur 5 jours :
§ Module 1 : « De quoi et de qui parle-t-on » (2 jours) : il a été suivi par 3
bénévoles en mars 2022
§ Module 2 : « L’écoute et la prise en charge de la maltraitance dans un centre
d’écoute » (2 jours) ; en attente de dates de formation.
Autres
formations suivies
2 Participations au Colloque « Vieillir en
dépression ? » organisé par Isère gérontologie à Grenoble, le 24
novembre 2022
3 participations à la 99ème journée
régionale de gérontologie « la personne âgée, un jeu complexe de
relation » à St Etienne le 22 mars
2 participations au colloque de la fédération 39
77 le 8 novembre à Paris.
La
Fédération rassemble tous les centres départementaux et interdépartementaux
adhérents qui luttent contre les maltraitances faites aux adultes en situation
de vulnérabilité en France.
Principales missions
ü Recevoir des alertes
par téléphone pour suspicion de maltraitances au numéro 3977, plateforme
nationale, avec la possibilité d’appels directs aux centres départementaux et
interdépartementaux par un numéro spécifique ;
ü Contribution à la coordination
des acteurs de la lutte contre les maltraitances, privés ou publics, à la
fois au niveau national et en proximité ;
ü Susciter la création
de centres associatifs de bénévoles dans les zones non couvertes ;
ü Etre l’interlocuteur
des pouvoirs publics, et constituer le pivot du dispositif national de
lutte contre les maltraitances;
ü Assurer la collecte
des données pertinentes pour développer les connaissances et la recherche
sur les maltraitances, ainsi que les réponses à y apporter ;
ü Organiser et participer aux actions de formation et de sensibilisation des acteurs concernés par la
lutte contre les maltraitances : professionnels de santé et du travail
social, proches aidants, bénévoles des associations et des centres,
intervenants des services déconcentrés de l'Etat et des collectivités
territoriales, grand public.
Principales valeurs
ü Respecter
l'égalité des appelants pour l'accès à l’écoute et l’accompagnement des
appels sur le territoire national, quelles que soient les personnes ;
ü Respecter
la complémentarité entre les actions associatives d’alerte et les interventions
des professionnels et des services publics de proximité ;
La Fédération 3977, dispositif national de lutte contre
les maltraitances
La plateforme nationale d’écoute 3977
Elle est animée par des professionnels de
formations multiples (psychologue, juriste, professionnel du travail social)
qui reçoivent les premiers appels pour suspicion de maltraitances, et ouvrent
un dossier lorsque c’est pertinent.
Ils sollicitent les centres de la
Fédération (ou les services des Conseils départementaux, en l’absence de
centre) pour poursuivre l’écoute, puis orienter et accompagner les appelants.
Le réseau des centres départementaux et
interdépartementaux
Ils reçoivent des appels directs, ou
prennent la suite des écoutes amorcées par les professionnels de la plateforme.
Ils alimentent les dossiers ouverts avec les informations reçues. Après analyse
de la situation, les centres conseillent les victimes (ou autres appelants) et
les accompagnent pour chercher à faire cesser les maltraitances au plus vite.
Par ailleurs, les centres ont une
activité de sensibilisation et de formation, ainsi que de communication, visant
à faire évoluer les représentations, les connaissances et les compétences des
acteurs concernés vis-à-vis des maltraitances.
Les centres sont régulièrement
réunis ; des formations sont proposées ; la situation des centres est
suivie et de multiples coopérations et mutualisations sont mises en œuvre au
sein de la Fédération.
51 centres interviennent dans 75 départements - 26 partenaires
Les instances fédérales
L’assemblée
générale de la
Fédération est constituée :
·
de représentants des centres adhérant (collège 1),
·
de personnes qualifiées (collège 2)
·
et de représentants de partenaires de la Fédération dans la lutte
contre les maltraitances (collège 3).
L’assemblée générale élit un Conseil fédéral qui, lui-même, désigne
par élection un bureau fédéral.
Par ailleurs, la Fédération s’appuie sur
·
un Conseil scientifique,
·
un Comité d’éthique,
·
la commission des centres,
·
et des groupes de travail thématiques (dont la formation).
Initiatives,
représentation & partenariat
La Fédération organise chaque année un
colloque.
Elle propose une diversité de formations
sur la thématique des maltraitances.
La Fédération participe
·
au Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age
·
et à la Commission Nationale de Promotion de la Bienveillance et de
lutte contre les Maltraitances.
Sous l’égide du Ministère des solidarités
et de la santé (DGCS), elle entretient un partenariat avec diverses
institutions comme
·
le Défenseur des droits,
·
l’APF- France Handicap
·
ou l’institut français de Justice Restaurative.
Site
internet : 3977.fr
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ALlo MAltraitance
des personnes âgées et ou handicap de l’Isère (Handicap, grand âge)
ALMA Isère
BP 26 38320 Eybens
Tél : 04 76 84 06 05
- alma.isere@gmail.com -
3977.fr
Association loi 1901 - Siret n° 434 566 550 000
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