Quand maltraitance financière rime avec maltraitance médicale

Quand maltraitance financière rime avec maltraitance médicale

Dans son dernier rapport daté du 15 septembre 2015, la Cour des comptes dénonce, sur la base de contrôles effectués sur les activités des masseurs kinésithérapeutes en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), de nombreuses irrégularités.
Des soins fictifs seraient facturés par certains professionnels de santé à des personnes âgées fragilisées. Le rapport de la Cour des comptes constate que des contrôles de la Caisse d’Assurance Maladie dans cinq établissements pour personnes âgées des Bouches du Rhône ont révélé, fin 2014,  un taux de 95% d’actes surcotés. En Loire-Atlantique, les deux-tiers des soins ont été surcotés dans trois établissements (14 dossiers sur 20).
France Info a relayé cette information ce vendredi 25 septembre et fait un lien avec l’enquête de terrain qu’elle a menée dans plusieurs maisons de retraite pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) :

 Un établissement dans un petit village près de Bordeaux où Hélène, 95 ans, est hébergée depuis deux ans. Elle souffre d’Alzheimer et marche avec un déambulateur. Très vite, sa belle-fille a repéré des anomalies notamment la facturation d’actes de kiné alors que sa belle-mère, hospitalisée, ne se trouvait pas dans la maison de retraite. Ce kiné n’en était pas à son premier coup d’essai  et la maison de retraite, heureusement, s’en est séparé.

L’enquête dévoile des anomalies identiques en banlieue parisienne dans une maison de retraite luxueuse.
 La fille d’une résidente a signalé la même absence de soin pour une facturation, elle, bien présente.

France Info met en avant la loi du silence devant ces escroqueries, par peur de représailles.

La Fédération 3977 contre la maltraitance confirme l’omniprésence de cette crainte par les résidents et leurs familles. Fréquemment, des personnes refusent de dévoiler leurs noms, persuadées, souvent à juste titre, que l’hébergement en EHPAD pourrait être remis en cause par une rupture de contrat pour un prétexte quelconque. Nous avons été malheureusement amenés à le constater à plusieurs reprises. Il arrive aussi que la personne âgée dépendante soit sanctionnée d’une façon ou d’une autre (moqueries, brimades, isolement forcé, indifférence, agressivité, manque de soins…). Quant au professionnel qui signale des dysfonctionnements dans sa structure, c’est pour le maintien de son poste qu’il tremble.

En coordination avec l’assurance maladie, c’est le rôle des ARS et des Conseils départementaux que de soutenir cette dernière, par des visites de contrôle surprise dans les établissements, afin de combattre les comportements déviants de certains professionnels qui, au-delà des abus financiers, mettent à mal la santé, la sécurité et la qualité de vie des personnes vulnérables.

Ne tolérons jamais l’intolérable.

Sandra SAPIO
Psychologue clinicienne, responsable Ecoute & Qualité de la Fédération 3977


http://www.3977contrelamaltraitance.org/index.php/82-actualites/159-quand-maltraitance-financiere-rime-avec-maltraitance-medicale

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